J10 – Nessim Kaufmann

Configuration du dernier regard

Le rythme de l’Art Confiné est primordial pour tenir en haleine l’audio spectateur. La musique, les mots, le montage des images doivent offrir à chaque instant une curiosité afin de ne pas perdre l’attention du surfer d’internet.

C’est ce que réussi ce soir Nessim Kauffmann avec son regard d’étudiant sur le confinement.

Le point de vue de voyeur, la voix légèrement transformée, une musique répétitive et une image noire et blanc légèrement détérioré donne une intemporalité à sa création.

Arnaud NANO Méthivier et Pierre-Marie PEM Braye-Weppe, curateurs du Festival des Arts Confinés.

« Configuration du dernier regard

J’arrive sur le lieu, à l’heure affine du soir,

c’est un fief inconnu et un triste manoir, dans une banlieue calme, abîmée, sans histoire,

ou tout est pétrifié par le tranchant des Moires,

c’est la lie qui se terre, et se tait dans le noir.

On trouve dans l’allée, à cette heure désolée,

ces maisons mitoyennes, insalubres, un cafard, le sentiment brumeux, toujours renouvelé,

qu’ici c’est bien la vie qui déserte sans manière.

Me voila enfin seul, dans les souvenirs de pierre,

de cette masure molle, qui s’affaisse et s’enterre,

sur ces fondations propres, rongées par la matière

avariée et putride expurgée par les corps.

Il arrive que l’on soit confrontés par hasard,

à cet étrange étroit, cet ailleurs, ce décor,

qui semblait familier, dans la forme du phare,

mais qui de l’intérieur, nous dérange et déroge.

Une toile et ces flèches, fixité de l’horloge,

la configuration d’une carte des Doges,

une bible qui dort, un coran qui s’arroge,

le droit de présider au destin de l’étage,

d’une bibliothèque, qui chancelle sous les pages,

et le poids de ces mots compilés en adages.

Ces objets en attente sont la mémoire et l’âge,

de ces murs qui témoignent de la présence humaine conjuguée au passé.

Et l’icône sereine, de l’aïeul bienveillant,

trône parmi ces reines, un papillon devant,

dans une mise en scène, dans une mise en scène. »

Nessim Kaufmann, étudiant à la Head Genève en Master Space et Com

 

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