J42 – pakejcollectif

Première

 

     A l’inverse de toute habitude sédentaire, l’Art Confiné place l’artiste comme obligé d’inventer au sein d’un espace réduit. Par sa sédentarisation confinée, son imaginaire s’appauvrit d’un quotidien dans un espace de vie fixe. L’Art Confiné pousse donc l’artiste à devenir propre migrant de son espace vital. Non pas nomade. Au sens de Gilles Deleuze et Félix Guattari, « le migrant va principalement d’un point à l’autre, même si cet autre est incertain, imprévu ou mal localisé » . C’est cet « autre », cet ailleurs qui forge une grande partie de l’Art Confiné.  C’est ce Dehors.
     Attention, je ne dis pas là que l’Intérieur est sans défaut. L’Intérieur de l’Art Confiné est une zone libre régie par des sociétés privées de diffusion numérique. Ces sociétés (Youtube, Vimeo, Facebook…etc.) nous les fréquentons toutes. Elles imposent leurs libertés et punissent par censure tout ce qui n’est pas de leur politique. L’Art Confiné est aussi confronté à cela.
     Mais quant au Dehors, ce monde tel que nous l’avions laissé avant un confinement, il nous interroge plus que jamais : à cause du manque de la Nature, par la distanciation sociale, et aussi par le regard neuf que l’on peut y apporter en tant que « migrant artistique ». Agora-Off est en quelque sorte une plateforme de migration artistique.

 

 

 

     In fine, l’Intérieur est tout aussi confiné que le Dehors. Puisque l’un est inaccessible à l’autre. Cela place une frontière entre l’Intérieur et le Dehors. Alors la frontière est-elle la condition préalable à toute liberté ?
    L’Art Confiné, de par sa capacité à s’inscrire dans une société au temps suspendu, peut plus que tout art nous apporter des réponses. Que reste-t’il de nos libertés dans l’espace du Dehors ? Quelles sont celles qui nous manquent le plus ? Quelles sont celles que nous accepterons d’abandonner ? Et pour quel avenir ?
     L’Art Confiné a, parmi tout son potentiel, celui de faire réfléchir à ces questions.

 

Pierre-Marie PEM Braye-Weppe et Arnaud NANO Méthivier, curateurs du Festival des Arts Confinés

 

« Vivant à 2 artistes confinés, nous voulions vous faire partager cette vidéo évoquant le confinement, c’est notre « première ». L’idée de l’envie de sortir, quitte à passer à travers la clôture, puis renoncer et recommencer et au final ne faire que tourner en rond comme cela peut être le cas dans cette période de confinement. Merci à vous de faire vivre l’art et de nous permettre cette visibilité. »

Pascale Mougin et Jacques Ollivier Pour pakejcollectif

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