L’artiste comme montreur. Plus on travaille, plus on disparaît et plus on devient son oeuvre. Je pense que le désir profond d’un artiste, c’est de devenir son oeuvre. Finalement, on joue sa propre vie pour la vivre réellement : on joue la tristesse, on joue la révolte, on joue le bonheur. On est montreur, on n’est que montreur, on n’a plus de vie tout comme un acteur de théâtre.
Si il y a crise, un malaise, il ne doit pas chercher à survivre cette crise. Il se doit de la traverser. Il fonce dedans, il se brule pour la comprendre. Il se distancie de son peuple pour mieux l’observer, le pratiquer. Un artiste est montreur donc, sans la prétention d’être prophète, car il est un parmi les autres. Pour lui il n’y a pas de beauté, il y a de la merde, bonne ou mauvaise, il y a des injustices, des gens bons, des assassins, et il est partout où se crée le monde.
Pierre-Marie PEM Braye-Weppe et Arnaud NANO Méthivier, curateurs du Festival des Arts Confinés
« Le Blob est un film de 1988 remake d’un film de 1958.
En voici le synopsis wikipedia : « Une météorite percute la Terre. Une masse informe s’en extrait et grandit en ingérant un à un les habitants d’une ville des États-Unis. Le Blob se glisse partout pour traquer ses proies et rien ne semble pouvoir l’arrêter. Dans cette ambiance d’enfer, Meg Penny et Brian Flagg, tentent de survivre, alors qu’une mystérieuse équipe gouvernementale met la ville en quarantaine. » Bon là, comme ça, ça résonne avec l’actualité, mais quand même…
Il s’agit juste d’un bon vieux film « souvenir s’enfance », une madeleine : on se souvient d’un immense tas de matière gluante rose qui fait peur à tout le monde. Et rire aussi. Car il s’agit d’un navet. Une série Z, B, M, un film culte, une purge… Tout l’alphabet ne suffit pas à le décrire. Et puis on l’avait oublié. Et un matin, on se réveille, et pour décrire on ne sait quelle absurdité du monde, de la vie quotidienne, ou juste pour rien, un mot nous revient en tête : BLOB. Et on a envie de faire quelque chose qui s’appelle comme ça. Et on n’est pas fier parce qu’on se souvient de cette sensation mi joyeuse mi honteuse qu’on a quand regarde ce genre de film. Et qu’on sait qu’on ne sera jamais à la hauteur de ce défi. Vouloir faire peur avec des moyens à faire rire, ou vouloir faire rire avec des moyens à faire peur. Et se prendre très au sérieux avec des choses vaines. Mais comme on est confiné depuis 50 jours, et que l’on sent peu à peu que plus le temps passe, plus notre univers mental et créatif se réduit à des fulgurances toujours remises en question la minute suivante par le réel, on se dit qu’on va la faire cette vidéo. Elle parle de psychologie, de mémoire, d’enfermement, de sport, d’amour… Ou pas. Elle parle de tout et rien à la fois. Et on a bossé pour arriver pour arriver à ça. Donc, sans prétention ni humilité, on espère que vous allez peut-être regarder, aimer, détester ou simplement vous moquer de notre Blob. Il est là pour ça. Et on a hâte de vous revoir. »
Anne Laure Gofard et Raouf Raïs, artistes de théâtre
Ps: Parmi des petites bafouilles écrites par nous, on remercie Beckett, Kubrick, Godard, Christian Clavier pour les quelques mots qu’on leur a emprunté, et Rita Pavone pour la musique.