Venise, comme une tour de Babel de temps anciens, que l’on a laissé s’ensevelir ; par orgueil surement, de penser que tout se reconstruit et que tout se remplace. Cette Venise, confinée des grands dégâts du tourisme de masse, se repose enfin. GP Cremonini, né à Venise (Italie), est un artiste et un hôte qui dédie son temps à l’accueil des uns puis des autres avec une infinie générosité. Il nous donne ici la mesure de l’impact de l’Homme sur son milieu naturel, l’impact tant décrié de sa (sur)présence mais aussi l’impact extraordinaire de son absence.
Pierre-Marie Braye-Weppe, curateur du festival des Arts confinés.
« un rien du tout
c’est banal
mais quand même c’est vrai
chaque instant d’une vie est unique
car ce rien est tout
j’ajouterai que le seul temps qui compte est le temps que je perds, car le reste est Vie.
et avec “perds”, j’entends les instants où je ne suis pas présent pour recevoir mes sensations, mes émotions.
Venise ces jours-ci vit, comme le restant du monde, un moment fort de son naturel, enfin débarrassée du surplus désiré par l’“anthropos”.
dans un moyen que l’histoire nous a laissé – un petit bateau pour la pêche en lagune propulsé par des rames – je ne donne pas des images mais je porte avec moi le Regardant, assis dans le bateau où l’on rame debout.
le Regardant aura quitté son temps pour rentrer dans son “kairos” que le moment lui – nous – impose, et assis dans ce bois il aura des bribes de ce que le passé était étant dans notre présent, car ce qui était est.
dans un rêve de pierres sur l’eau »
« Venise est, en ces instants particuliers, devenue extraordinairement calme : je souhaitais vous faire partager cette curiosité à bord de mon Mascareta (bateau traditionnel), que vous le sentiez avec moi. »
GP Cremonini, artiste, hôte gastronomique, Venezia, Italia.