Résidistance DVDV/EDCEE – Daniel Van De Velde/Expérience De Confinement En Extérieur
Épisode 24 : Un temps pour tout – le 27/04/2020
Une canne à pêche déguisée en roseau penche au-dessus de l’Argens. Le hameçon est pourvu d’un ver de terre bio-électronique conçu par la société CHAMANSTOUM IACE Sarl. Ce ver de terre est à notre connaissance la première réalisation qui allie une équipe internationale de chercheurs spécialistes de l’IA et un ensemble de chamanes aux vues et directions coordonnées et traduites pour l’occasion par Toulinou Qifanka Lemptu.
Ce ver de terre IACE (Intelligence Artificielle Chamanistiquement Élargie) a la capacité d’analyser l’endroit où il se trouve non pas en fonction des données humaines de perception, de connaissance et d’appréhension du milieu mais de celles de l’ensemble des êtres, choses, courant, énergies, ondes contradictoires et flèches du temps qui composent le site. Cela restera quelque chose de mémorable dans les annales de la coopération transdisciplinaire que des chamanes en transe transmettent des données à des êtres d’ordinaire en blouse blanche qui en retour leur en envoient, avec un sens inouï du calibrage cognitif.
Le tout en un temps infra-mince selon une échelle de repérage nommée pour l’occasion : reconversion intermonde/nanoseconde. Afin de garantir une échelle de temps mesurable et capable de sonder les informations envoyées autant pas les micro-organismes que par le volume global du fleuve dans son rapport d’échelle à la totalité du globe. Le premier choc fût de constater que la foule d’informations de la plus part des organismes sondés, venait autant du passé, du présent immédiat que de l’avenir le plus lointain. Comme si ces organismes avaient la possibilité de projeter ou de saisir des données les concernant bien au-delà d’un temps évolutif individuel. L’évolution, commune à toutes les espèces va autant vers ce qui advient que vers ce qui est déjà advenu. Les flèches du temps sont multidirectionnelles.
Sousouna, apprentie chamane, en accord avec Toulinou Qifanka Lemptu, a pu suivre trois êtres issus du microbiote d’un jeune brochet et s’approcher ainsi de mesures de temps plus infimes que la plus infime et plus vastes que toute conception de la durée élaborée jusque là. Elle a failli en revenir pulvérisée. Sauf que Toulinou Qifanka Lemptu, sentant venir le drame a bloqué le compteur existentiel de Sousouna sur des fréquences et des trajectoires de vie qui la laissaient intacte dans son développement et son apprentissage. Sousouna nous est revenue saine et sauve.
Les collaborateurs de ce projet ont choisi un ver de terre pour la simple raison qu’il semble avoir la taille moyenne de tous les organismes composant notre terre. Même si le le monde infra-mince est encore à explorer dans sa quasi-intégralité. A ce jour la somme d’informations accumulées est telle qu’elle jette plus ou moins dans l’embarras une grande partie de la communauté scientifique et les chamans impliqués. Il n’y a pas de communauté chamanique. C’est une pratique qui ne se fédère pas pour la simple raison que le vagabondage des esprits est de quintessence libertaire et ne saurait rentrer dans un principe de classification. Voir à ce propos la thèse d’Inout Aknou sur la pluralité des ombres dans les cheminements chamaniques. La communauté scientifique, elle, implique que chaque chercheur engage sa crédibilité en fonction de celle de ses confrères, impliquant plus ou moins une hiérarchie du savoir selon les modes et les humeurs. Voir la thèse de Bruno Latour : on peut être scientifique et aimer faire du vélo. Ce qui rend d’autant plus remarquable cette collaboration unique à ce jour entre deux formes de savoir.
Nous sommes une équipe de 365 bénévoles qui se relaient toutes les trois heures pour se positionner en duo, de part et d’autre du roseau faux pêcheur (Phragmites Australis pseudopersicum) afin qu’il ne vienne à personne l’idée de s’emparer de ce roseau porteur d’un grand espoir sur l’avenir de la communication inter-organisme. C’est un privilège pour moi de participer à ce projet en tant que bénévole. Je dois m’y rendre tout à l’heure avec Lakmiyte, un mi-humain mi-robot à connaissance scientifique et pouvoir chamanique restreint.