Résidistance DVDV/EDCEE # 27

Fragment de nuit et courant d’air

Résidistance DVDV/EDCEE – Daniel Van De Velde/Expérience De Confinement En Extérieur

Épisode 27 : Fragment de nuit et courant d’airle 29/04/2020

J’étais un fragment de nuit disséminé dans la grande, l’immense nuit qui recouvre la plaine et tu m’as retrouvé. Tu m’as détaché de ce tout nocturne pour que je revienne avec toi au bord du fleuve cet après-midi.

 

Et nous y sommes ensemble, un partage de vies entre le bruit du courant et celui du vent sur la berge. Assis en tailleur, l’un face à l’autre, à jouer aux osselets. Je ne sais pas comment tu as fait, Algonquina. Si je t’appelle Algonquina, c’est pour simplifier. Je sais que ton nom erre à travers l’univers et que pour l’instant, tu ne coïncides pas avec.

L’énigme est que tes mots prennent corps et figure de petite algonquine. Tu viens de m’envoyer un message par la voix de ton arrière-arrière-grand-père. Celui dont le père disait que non content d’avoir blessé la terre on a aussi blessé le sel de tous les océans et que depuis les vagues ne sont plus que des réponses évasives entre les esprits et les hommes.

 

La voix de ton arrière-arrière-grand-père est grave. La dernière octave, la plus basse. Celle souterraine, qui se résorbe à la codification humaine des échanges. Elle libère les libidos, les rend fluctuantes et protéiformes.

Cette voix dit : Il n’y a plus à broyer la force régénérante des arbres, du cours des fleuves et de l’alternance des marées; de la volupté des monts et de l’ordonnance des plaines.

 

Contentons-nous de vivre comme des roches qui, par le silence gravitationnel qui les conditionne, prolongent l’orientation du monde.

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